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Entretien sur les travaux du haut de la rue Nationale et l'installation d'hôtels Hilton (partie 2)

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[Suite de la partie 1]

 

- Sécuritaire et qui a en même temps pour alibi quelque chose d’extrêmement fort : la transparence[1], c’est vendre l’ultra-visibilité de la prétendue liberté pour détruire les lieux d’intimité.

 

     - Le lieu d’intimité empêche une partie du public de voir ce qui s’y passe, et ça n’est pas tolérable pour les aménageurs, les urbanistes, le politique local. Il y a des gens à la Mairie de Tours qui te disent très clairement qu’un endroit à l’abri est par définition disqualifié,  on veut donc éviter les endroits à l’abri. C’est à dire que là où il y a un porche, on casse, on ouvre ; là où il y a deux bâtiments espacés de trois, quatre mètres et où l’on pourrait construire un passage, on ne le fait pas, on ferme, on bloque car si on fait un espace de quatre mètres de large il va y avoir des clodos, des ados, tous les gens qu’on ne veut pas ; c’est la manière de faire l’urbanisme aujourd’hui. Je pense que la transparence est beaucoup plus efficace que les caméras de sécurité. Quand on va sur les quais, les caméras de surveillance, apparues en 2009, n’ont rien changé, les gens ont continué à fumer des pétards en dessous, à faire du feu et du djembé, les dealers sont à trois mètres en dessous des caméras et ça ne pose aucun problème ! Il n’en reste pas moins que les forces de l’ordre sont des forces agissantes dans la ville : il suffit de penser aux arrêtés anti-mendicité[2], et à la présence très visible de la police et de l’armée[3].

 

     Nous parlions de l’histoire qu’on prête aux lieux tout à l’heure. On dit beaucoup que Tours s’est développé le long de la Loire jusqu’au XIXème siècle où la batellerie s’est arrêtée, qu’ensuite sont venus la rue Nationale, la route d’Espagne, la ligne de chemin de fer et que s’en était fini du fleuve ; c’est totalement faux. Il y a encore trente ou quarante ans, tu avais des péniches sur la Loire en bas de l’actuelle bibliothèque, un bateau service public, une école de natation sur la Loire sur des flotteurs. Il y avait aussi les bains-douches sur la Loire, dans des bateaux amarrés aux quais. On ne réinvente pas des usages perdus depuis cent-cinquante ans, c’était encore un lieu de loisir il n’y a pas si longtemps que ça ! Des gens qui avaient 20 ans dans les années 70, 80, me disaient qu’ils ramenaient leurs bagnoles sous le pont Wilson, avec la sono à fond, les portières ouvertes et puis buvaient des coups… Les usages multiples des quais ont toujours existé, et pour le coup je pense que ce sont réellement des usages « populaires » en comparaison avec les usages « officiels » de la place Anatole France. Je souligne « officiels » parce que l’autorité locale, en sélectionnant les usages, sélectionnent par là les usagers. Sur les quais, si tu peux te permettre des usages qu’on ne se permet pas ailleurs, c’est probablement lié à ce dénivelé qu’il y a. Quand tu es sur les quais, tu es en plein-centre de Tours mais six mètres plus bas que le reste de la ville. D’ici tu ne vois pas la place Anatole France. On parlait tout à l’heure d’intimité et de transparence et je pense que ça fait de ce lieu un exutoire pour la population, les gens le disent, ils ne s’y sentent pas oppressés, s’y croient en vacances, on y est bien. Le fleuve crée un espace pour respirer, je pense que le fait d’être invisible à la ville et le fait que les commerces n’empiètent pas sur le lieu jouent énormément sur le ressenti que les gens en ont.

 

    On en vient à la question des usages des espaces publics. Quand tu as un endroit avec des commerces, tu as tout un tas de choses qui ne se font plus, par exemple, les marginaux ou les mendiants quand ils se font contrôler, se font envoyer sur les quais par la police. Quand on ne veut plus de quelqu’un en ville, on lui dit d’aller sur les quais car en ville, il y a les terrasses des commerces et que si un clodo fait la manche à côté, c’est quand même emmerdant, ça fait fuir la population, peur aux enfants et aux petites vieilles,… Au lieu de leur expliquer que ce mec-là n’est pas dangereux, on préfère le virer, c’est vachement plus facile. Partout où tu as des commerces il va y avoir une tendance à « cleaner » un peu les lieux de tous ceux qui ne consomment pas.

 

     Le problème est que se prépare une colonisation de la place et des quais : là où il y a les ados, il y aura demain des terrasses et des restaurants, il ne sera plus question qu’ils viennent faire du skate ou fumer des clopes. Sur les quais il y aura des commerces aussi, des cafés, des restaurants, et là, il ne sera plus tolérable que les gens apportent leurs propres consommations pour passer un moment agréable. A un moment donné, quand tu empêches tous ces usages et que tu n’as plus de lieux hors de la norme, décalés, intimes, cela créé des problèmes.

 

     On peut se dire que ces usages-là ne sont pas tués, qu’ils vont être repoussés, mais ainsi ils ne seront plus centraux, et le fait qu’ils soient centraux à une importance primordiale. Ceux qu’on appelle les déviants (déviants par leurs usages), dont on fait tous partie à un moment de notre vie, s’ils ne sont pas confrontés à la norme, n’ont aucune chance d’y rentrer un jour ou même de vivre avec. Tandis que si tu gardes une marge dans le centre, tu gardes une possibilité de vivre ensemble qui est très importante, tu rends les gens dans la norme plus tolérants à l’égard de la déviance et dans le même mouvement tu ré-inclues les comportements, auparavant jugés déviants, dans la norme.  On s’apprête à enrayer ce mécanisme de vivre-ensemble.

 

- A force de pousser les gens vers la Loire on va les pousser dedans ! Mais revenons sur le projet en lui-même, as-tu une idée de son coût ?

 

    Je ne sais pas du tout combien coûte ce projet, c’est une question compliquée du fait du nombre important d’acteurs entrant en jeu : la mairie ne s’occupe pas elle-même du projet, elle confie ça à la SET.

 

     Une société public-privée d’aménagement est déléguée pour s’occuper d’une construction délimitée sur le territoire, elle-même va acheter les murs des commerces, les détruire, faire des espaces publics, vendre des droits à construire au promoteur (EIFFAGE). Le promoteur va acheter ces emplacements, il va construire et il va revendre la partie hôtel à l’hôtelier et la partie commerces à une agence immobilière parisienne (la SDIC) qui va détenir les 5000 m² de commerces et ensuite les louer aux commerçants qui seront les plus offrants. Tout le monde va faire son bénéfice, et la société public-privée qui a pour rôle d’être en équilibre financier va recevoir le soutien de la Mairie, déficitaire[4] à court-terme sur le projet… Les choix budgétaires, bien qu’on veuille nous faire croire qu’ils sont évidents, rationnels, « pragmatiques » ou « de bon sens », sont des choix évidemment politiques. Donner davantage au CCAS (centre communal d’action sociale) ou bien préférer donner plus pour des investisseurs hôteliers qui font dans le luxe, cela revêt un choix. Un choix dans les usages qu’on favorise, un choix dans les populations que l’on sert.

 

     Ici il y a une idéologie politique qui consiste à croire que par l’attractivité on fera venir des capitaux. Les touristes sont vus comme des porte-monnaie ambulants, les tourangeaux qui font leurs courses rue Nationale sont aussi vus comme tels. Mais dans quelle poche va cet argent ? Il va dans les poches de Hilton, dans les poches de la fameuse société immobilière qui va détenir 5000 m² de locaux commerciaux en plein centre-ville de Tours. Bien sûr, le pari fait par la collectivité est que les propriétaires et locataires de ces locaux commerciaux vont payer des taxes, et donc générer des recettes fiscales. Mais comme partout où l’on donne comme évidence la réponse de la compétitivité ou de l’attractivité, il convient de poser, en retour, la question de la redistribution. Et là on voit bien que la question mérite d’être politisée.

Dans de très grandes villes comme à Londres dans le quartier de la City (qui avait fait l’objet d’un reportage sur Arte), les foncières sont très souvent propriétaires des commerces mais aussi d’une partie des espaces publics qui sont autour, avec le pouvoir de réguler ces espaces publics, c’est souvent le cas dans des galeries commerçantes. On imite un espace public mais c’est géré par le privé qui fait donc sa loi dès que tu franchis le portail, comme à l’Heure Tranquille avec la fontaine et la place qui l’entoure. Je ne sais pas si ça deviendra le cas de la place Anatole France.

 

     Cette fameuse foncière est capable de dicter la forme qu’auront les espaces publics, car même si la mairie donne ses injonctions à l’aménageur qui va établir ses plans en conséquence, un simple arbre qui cacherait une vitrine ferait qu’in fine, la foncière louerait moins cher son local. Elle appelle donc le promoteur, qui appelle l’aménageur, qui donne son aval pour retirer cet arbre des plans de l’urbaniste (même si le « verdissement » était une demande des élus locaux). Comprend que la volonté d’avoir des espaces verts c’est bien beau mais que la volonté de vendre des locaux commerciaux plus chers prime. On fait sauter l’arbre car c’est la foncière qui apporte le pognon, et que si elle ne paie pas ses locaux assez cher, elle ne les louera pas assez chers, et finira par les louer à des kebabs, ce qui est le pire du pire pour les aménageurs. C’est cette crainte qui persiste parmi les aménageurs, à savoir, de ne pas vendre les locaux commerciaux aux grosses enseignes qu’ils aimeraient faire venir sur la rue Nationale. On ne veut pas du kebab car c’est du bas-prix, c’est pourtant une bonne filière d’intégration pour des immigrés. Quand tu vois le « Mangez-moi », le « Turkish », etc, tu peux en avoir peur, te dire que ça fait venir des immigrés mais tu peux aussi te dire que c’est une bonne manière de s’intégrer, que les mecs arrivent à vivre bien et font tourner le commerce …

 

- D’un point de vue culturel, un kebab me dérange autant qu’un McDonald’s, j’ai d’ailleurs ouï dire de l’installation d’un « restaurant » de cette enseigne sur la place du Monstre [5].

 

    - J’en ai entendu parler, et certains parlent même d’un Burger King à l’angle de la rue Marceau et de la rue du commerce. Je comprends ce que tu veux dire sur la préservation d’une identité locale mais je pense que des Mcdos ou des Burger King ont davantage tendance à tuer l’identité locale qu’un kebab. Je pense que ça a du bon de ne pas rester qu’entre soi.

 

- Nous parlions de l’expropriation des commerçants, il y aurait un contentieux juridique entre l’Adresse et la mairie, peux-tu nous en dire plus ?

 

     - Le projet a été réfléchi en dehors des limites autorisées par la loi. On avait au départ des bâtiments sur rez-de-chaussée plus un demi-étage, et le plan de sauvegarde et de mise en valeur n’autorisait pas à changer cette forme de bâtiments. Le plan de sauvegarde a donc été modifié pour permettre la construction de tours jusqu’à 7 étages de haut, donc aussi haut que l’Eglise Saint-Julien. Pour modifier ce plan, l’État national et local ont donné leur accord, l’architecte des bâtiments de France lui aussi, il y a également eu deux enquêtes publiques réalisées coup sur coup, qui sont de véritable mascarades démocratiques, validées par le commissaire-enquêteur comme dans la plupart des cas. Sur 250.000 habitants de l’agglomération, 60 personnes se sont exprimées, ce qui est très représentatif ! Plus tard, il y a eu une autre enquête concernant la déclaration d’utilité publique (DUP), c’est-à-dire que le préfet est saisi pour prononcer l’utilité publique du projet, il lance donc cette enquête, une fois de plus validée sans problèmes par le commissaire-enquêteur alors que tout le monde est contre, puis validée par le Préfet qui, par la DUP, ouvre aux porteurs du projet le droit d’exproprier les commerçants qui sont là. La municipalité a pris grand soin de ne pas exproprier des habitants, ce qui aurait fait mauvais genre, mais ne s’est pas gênée pour les commerçants puisque le projet a pour but de faire encore plus de jolis commerces. A partir du moment où le droit d’expropriation est accordé, juridiquement tu peux juste remettre en cause la DUP (ce qui n’arrive quasiment jamais au vu de la lourdeur et du coût de cette procédure). Les commerçants se sont au départ mis en association : sur 17 commerçants de la place, 16 étaient dans cette association. Petit à petit, l’aménageur qui a pour charge d’acheter les commerçants a allongé les billets (l’enveloppe ayant été gonflée par la mairie), en rencontrant les commerçants individuellement, de manière à contourner la mobilisation et finalement la rendre impuissante : au final, ils doivent maintenant être un ou deux à continuer de lutter. Ils ont donc lâché la contestation de la déclaration d’utilité publique. En revanche, ils peuvent encore discuter sur le prix auquel ils seront achetés, ce qui se fait soit à l’amiable, soit par jugement du juge des expropriations qui fixera un prix entre ce que le commerçant estime valoir et ce que l’aménageur estime qu’il vaut.

 

     Le bar « l’Adresse » s’est surtout exprimé en disant qu’il était dans le pétrin puisqu’il était installé depuis cinq mois quand on lui a annoncé qu’il allait être exproprié (courant de l’année 2009), sans avoir fini de rembourser son prêt ni avoir eu le temps de rentrer dans son investissement. Le juge des expropriations a le dernier mot, le bar qui termine son exercice comptable fin septembre annonce préférer fermer en même temps pour ne pas perdre d’argent (Ndlr : le 18 août 2015, les gérants du bar ont appris par voie d’huissier que le juge des expropriations avait tranché en leur faveur sur la somme demandée. La SET a interjeté appel de la décision, rendez-vous dans quelques-mois à la Cour d'appel d’Orléans).

 

- On parlait au début de l’entretien de l’aspect culturel du projet, qui consiste en un déplacement du CCC (Centre de Création Contemporaine) actuellement situé aux alentours de la gare vers l’ilot François 1er.

 

     Cela fait partie d’un gros morceau du projet, généralement très bien accueilli par les habitants, parce qu’on parle de culture et que la culture, tout le monde est pour. On parle aussi d’espaces verts. C’était en effet un grand parking, très gris, très fermé, très peu utilisé si ce n’est par les adolescents dont je parlais, et par les commerçants qui y entreposaient leurs poubelles puisque s’y trouvaient leurs arrière-boutiques. A la place des porches il y aura de grandes ouvertures, à la place de l’école des beaux-arts, finalement assez peu occupée, on aura un musée bordé de verdure, et en lieu et place des arrières boutiques, la mairie va ouvrir le droit d’avoir de vraies vitrines, les commerçants pourront donc avoir double vitrine. Tout ça va faire « vivre le quartier », mettre plus de gens qui consomment mais à mon avis, les adolescents partiront.

 

     On peut se demander qui est intéressé par l’art contemporain. Il y a deux façons de voir les choses : la première est de dire que les hôtels de luxe et l’art contemporain ont le même public, ce qui n’est pas faux. Effectivement, quand tu vois qu’il n’y a peut-être que 15% des français qui vont visiter des musées et que parmi ces 15%, ceux qui vont vers l’art contemporain ne constituent pas la majorité, tu remarques l’aspect sélectif de la chose. A côté de ça tu peux aussi te dire que personne ne s’intéresse à l’art contemporain mais que ce n’est pas en cachant le CCC à côté de la gare que ça va aider. Le mettre en plein-centre-ville peut avoir un effet incitatif et ainsi rendre accessible la culture...

 

- Notons au passage que le CCC auparavant gratuit deviendra payant…

 

     On pourrait dire que le fait de le mettre en centre-ville va pousser les gens à s’y intéresser surtout que les grandes baies vitrées permettront de voir les œuvres de l’extérieur, il faut toutefois placer ce sujet dans un autre contexte : celui du devenir de nos centres-villes. On a dit qu’il y allait avoir une plus-value immobilière énorme, que les prix allaient grimper dans le centre-ville, que dans le même temps, on le « piétonise ». Tout ça conduit, et ce n’est pas spécifique à Tours mais bien à toutes les villes moyennes, dont le désir est de faire du marketing urbain avec de belles tours, un beau tramway, etc, … à restreindre l’usage du centre aux populations qui y résident. C’est une tendance qui gonfle et qui exclut les péri-urbains. Les péri-urbains ne viennent quasiment jamais en centre-ville, beaucoup en ont même horreur, déjà parce que ce sont des gens qui circulent en voiture faute de faire autrement et sont donc bloqués, le parking coûte cher, les places sont peu nombreuses, la ville est de moins en moins faite pour les voitures. Ces gens qui habitent à Cinq-Mars-la-Pile font leurs courses à Chambray-lès-Tours, ils emmènent leurs enfants dans les écoles de Tours-Nord et vont faire du foot à Saint-Pierre des Corps mais ne vont pas aller en ville. Il y a une rupture qui se fait de plus en plus, consomment en centre-ville ceux qui y habitent et les péri-urbains restent dans le péri-urbain, c’est une frontière[6]. Il y a une survalorisation des centres qui se fait, ce qui rappelle la situation passée aux États-Unis, avant tu avais les centres-villes très pauvres et les classes supérieures qui se mettaient à la sortie de la ville, dans des quartiers résidentiels très huppés. La situation était similaire à Tours il y a une quarantaine d’années, le vieux Tours était vraiment populaire et puis sont venues les réhabilitations de logements. C’est super, on valorise les habitats anciens et le patrimoine, mais ils sont investis par les bourgeois ! C’est le phénomène de gentrification.

 

     Le centre d’art contemporain sera donc plus accessible à ceux qui sont en centre-ville, mais si on filtre ceux qui habitent dans le centre et qu’on ne garde que les plus aisés, l’art contemporain et les commerces seront en fin de compte toujours réservés à une sorte d’élite. Bourdieu établit une distinction entre culture légitime et culture populaire. Chacun a droit à sa liberté de considérer que les châteaux de la Loire, le vieux Tours ou l’architecture médiévale ne l’intéressent pas. Moi qui ai grandi en centre-ville, je considère que notre petit trésor ce sont les ruelles du vieux Tours mais je me force à me dire que chez certaines personnes ça en touche une sans faire bouger l’autre ! J’ai rencontré des gens qui habitent dans le péri-urbain, et le petit bout de forêt à côté de chez eux, le petit bord de Loire de Cinq-Mars-la-Pile c’est ça leur Touraine !

 

- Exactement, la Touraine ne se réduit pas à ses châteaux[7] !

 

     A côté de ça, ce qui est le plus valorisé par l’État, c’est quand même la culture légitime, le grand patrimoine, etc… On pourrait aussi se demander ce qui est digne d’être patrimonialisé. On parlait des toits-terrasses sur lesquels on pouvait monter pendant plusieurs décennies, ils auraient pu être patrimonialisés parce qu’uniques en France, l’auteur était un architecte, ayant suivi une formation d’architecte naval qui a pensé à ça comme des « ponts-bateaux ». Tout le monde s’entend à dire que l’Eglise doit l’être, le pont de pierre aussi. Les quais de la Loire ont été patrimonialisés, ce qui n’empêchera pas qu’ils soient défoncés par les pelleteuses dans les décennies qui viennent. On parle beaucoup de « patrimoine culturel immatériel », les savoirs faires, les arts de vivre, la gastronomie, les folklores, les habitudes, … Ce sont des ethnologues qui font valoir le capital culturel immatériel, et je pense que les quais de la Loire, en tant que lieu exutoire, lieu de fêtes populaires, auraient dû être patrimonialisés, ce qui pourrait d’ailleurs empêcher leur destruction et leur dénaturation future. L’antenne locale de l’Unesco, la « Mission Val de Loire », ne travaille malheureusement qu’avec des géographes, des aménageurs et les professionnels du secteur du tourisme, et pas avec des sociologues ou des ethnologues. Le patrimoine c’est en fait l’industrie touristique et c’est par ça que l’antenne est tenue, si ce n’est pas valorisable touristiquement parlant, alors il n’y a pas d’intérêt à classer un lieu pour le protéger.

 

 

Propos recueillis par Romuald Fadeau

 

 

 

[1] Le monde totalitaire de 1984 (George Orwell) n’érige-t-il pas en priorité absolue la transparence, avec l’installation de télécrans dans chaque habitation, diffusant en permanence la propagande du Parti et espionnant les habitants, ces derniers devant ainsi s’habituer à éviter le moindre geste anormal, au risque d’être suspectés d’ourdir des complots contre le pouvoir.

 

[2] L’hygiénisme des centres-villes bourgeois est caractéristique de cette volonté d’effacer les « ratés » de l’économie triomphante. Plutôt que de remédier à la pauvreté, on la musèle.

 

[3] De nouveau palpable depuis l’après Charlie mais ayant commencé en 2003 avec le déclenchement du plan Vigipirate qui n’a jamais cessé depuis.

 

[4] Rappelons que la construction du tramway a provoqué une hausse des impôts locaux dans l’ensemble des agglomérations de Tours +, ce qui était totalement injustifié puisque celles-ci ne bénéficient pas toutes du tram.

 

[5] L'exotisme alimentaire, sous-entendu comme exceptionnel parce que lointain, qu'il soit oriental, nord-américain, asiatique ou autre, n'a-t-il pas vocation à conserver son caractère exceptionnel donc rare pour réellement se distinguer de l'alimentation locale. L'attitude alimentaire localiste implique avec une grande exigence certes, mais fondée, de ne pas éparpiller ses goûts sur des produits que l'on ne pourrait avoir à sa disposition en cas de retour à un modèle alimentaire raisonné.

 

[6] Ce qui n’est pas sans rappeler l’ouvrage du géographe Christophe Guilluy « La France périphérique » qui démontre que la fracture qui meurtrit notre pays se situe entre la France des métropoles mondialisées, et la France majoritaire en termes de superficie en de population, à savoir, la France des périphéries.

 

[7] Maurice Bedel – La Touraine. L’auteur montre poétiquement que l’essence de la Touraine ce n’est pas ses châteaux, mais bien la façon qu’ont les tourangeaux de la vivre au quotidien

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