Péril gelé et squat menacé: un hiver de plus pour les SDF tourangeaux
Sans solution d'hébergement des SDF squattent dans l’ancienne maison de retraite des Prébendes à Tours ce qui fait tâche dans les beaux quartiers des amis de monsieur le maire. Ils sont plus d’une dizaine à occuper l'ancienne maison de retraite des Prébendes à Tours depuis le 1er novembre, sans qu’aucune solution pérenne ne leur soit proposée par le 115.
Ce squat en plein centre-ville de Tours dérange la municipalité, qui n’aurait soi-disant pas les moyens de créer des centres d'hébergement pour les SDF. Avec tout l’argent dépensé dans une multitude de projets qui ont abouti à l’endettement massif de la ville, à savoir : la construction du tramway (460 Millions), la nouvelle politique d’urbanisme visant à l’installation des hôtels Hilton ou la toute dernière dépense du nouveau logo de la ville (15.000€ de frais marketing et 60.000€ de « réflexions »).
Intelligemment, les SDF se sont installés depuis le début de la trêve hivernale, le problème est qu’ils empêchent l'arrivée du foyer pour handicapés de la Bellangerie. Le message est donc clair : « Allez dormir dehors les clodos, ces locaux ont été promis aux handicapés ! ».
Aucune demande d’expulsion n’a encore été déposée à la Préfecture même si cela ne saurait tarder. La nouvelle politique sécuritaire et hygiéniste du maire Babary impose à la police de procéder plusieurs fois à des contrôles auprès de ces pauvres gens qui loin d’être des réfugiés, sont les habitants de notre magnifique ville.
Dylan, le porte-parole de ce groupe de SDF, est au RSA et n’a que ses yeux pour pleurer la perte de sa dignité. Cet homme, habité par un instinct de survie plus développé que chez les bourgeois qu’il vient perturber, ne veut pas dormir dehors à l'arrivée de l'hiver et n’a pas d’autres alternatives que le squat. Pourtant, la ville de Tours ne semble pas manquer de logements vacants, en témoignent les locaux de bureaux vides qui pullulent dans toute la ville, cette explosion du niveau de construction, ces immeubles sortis de terre au creux de Tours-Nord dans le quartier Monconseil.
Le 115 n’a aucune solution à leur proposer alors que dans le même temps, la mise à disposition de logements vacants et l’activité des centres d’accueil pour réfugiés battent à plein-régime (comme à Chinon). Il semblerait qu’il vaille malheureusement mieux être étranger en ce pays pour ne pas mourir de froid l’hiver venu. Dans son désespoir, Dylan a même écrit au maire de Tours pour lui demander son soutien. Soyons assuré que celui-ci ne pourra, comme à son habitude, rien faire, et encore moins si les propriétaires du lieu se décident à un moment à demander cette expulsion.
La solidarité locale, encore une fois, fait les frais d’un pays qui exècre ses enfants et chérit ceux des autres, ce qui faisait en son temps dire, dans des circonstances bien sûr très différentes, à Ronsard que :
« France, de ton malheur tu es cause en partie,
Je t'en ai par mes vers mille fois avertie
Tu es marâtre aux tiens, et mère aux étrangers,
Qui se moquent de toi quand tu es aux dangers :
Car la plus grande part des étrangers obtiennent
Les biens qui à tes fils justement appartiennent. »
Elégie sur les troubles d'Amboise (1560).
N.Y